Dans un second temps, le ministre s'est rendu dans les locaux d'A2V Mécatronique, à l'entrée du parc de l'Oratoire. Après la visite de l'entreprise spécialisée dans les solutions de motorisation électrique, les salariés de la PME ont pris place sur des chaises au fond de l'usine. Franck Riester s'est positionné en face d'eux, avec à ses côtés le député Renaissance de Loir-et-Cher Christophe Marion et le président du conseil départemental Philippe Gouet.

"Cette réforme a pour objectif de sécuriser notre système de retraite par répartition, menacé par des déficits, a insisté le représentant du gouvernement. Ce sont les actifs qui paient les pensions des retraités. Or, aujourd'hui, nous sommes à 1,7 actif pour 1 retraité du fait du vieillissement de la population, de l'espérance de vie qui a progressé, de l'arrivée plus tardive des Français sur le marché de l'emploi. Pour combler ces déficits, nous avons fait le choix de ne pas toucher aux cotisations sociales ni aux pensions de retraites. La seule solution est donc de travailler un peu plus longtemps en repoussant l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans."

"On tape encore sur les gens qui travaillent"
Si les médias ont pu assister aux éléments de langage du gouvernement, ils n'ont en revanche pas pu suivre les échanges entre le ministre et le personnel de l'entreprise, sous prétexte que la présence de journalistes pouvait freiner la prise de parole des salariés. Ce n'est qu'à la fin de cet entretien à huis clos que la presse a pu aller à leur rencontre. "Ce qui me dérange dans cette réforme, c'est qu'on tape encore sur les gens qui travaillent", souligne Aurélie, responsable marketing. Adeline, 32 ans, a fait le calcul : il lui reste encore autant de temps à travailler avant de pouvoir prétendre à la retraite. "J'ai du mal à me projeter, confie-t-elle. Si à 60 ans, j'exerce le même métier qu'aujourd'hui, c'est-à-dire responsable qualité, je me demande si j'arriverais encore à faire des soudures de précision." La trentenaire n'a pas manqué d'interpeller le ministre sur les conditions de départ à la retraite des femmes. Il y a quelques jours, Franck Riester avait reconnu que les femmes seraient pénalisées avec la réforme des retraites.

"Se projeter, c'est compliqué"
Sandrine, 40 ans, monteur-câbleur, s'inquiète pour l'avenir de ses enfants : "Dois-je les pousser à faire des études ou les inciter à choisir une voie en alternance pour qu'ils commencent à cotiser plus tôt ?" Florian, 45 ans, commercial, a reçu récemment son relevé de carrière : "Il me reste encore plus de la moitié des trimestres à valider. Alors se projeter sur une future retraite, c'est compliqué."

Au sein d'A2V Mécatronique, qui compte une trentaine de salariés pour une moyenne d'âge de 42 ans, une personne cumule emploi et retraite. Une deuxième pourrait suivre ce modèle. C'est un bon compromis aux yeux du président de l'entreprise, Éric Regnard : "On a besoin de leurs savoir-faire, de leurs valeurs humaines et techniques pour assurer cette transmission. Aujourd'hui, notre difficulté est le recrutement. A l'embauche, notre premier critère est le savoir-être. On s'occupe ensuite de former les nouvelles recrues."

Le texte de la réforme des retraites va faire l'objet de plusieurs semaines de discussions au Parlement afin d'étudier tous les amendements proposés et avant un vote prévu en mars.